"Le Kamasutra est la jouissance appropriée par les cinq sens, assistée de l'esprit uni à l'âme"

08. Les petites cuillères



La femme et l'homme s'allongent sur le côté, l'homme dans le dos de la femme, qu'il pénètre vaginalement. Si l'homme se plaque contre le dos de sa compagne, l'image de deux petites cuillères emboîtées est évidente.

Cette position présente de grands avantages : comme les deux partenaires sont couchés confortablement, ils peuvent prendre tout leur temps, l'une pour s'abandonner, l'autre pour caresser et embrasser. Les mains de l'homme atteignent les seins, le ventre, le sexe. S'il s'écarte un peu, il peut caresser le dos, les reins, les hanches, les fesses.

N'étant pas contraint à un va et vient rapide pour occuper le temps, l'homme peut profiter de cette position pour s'entraîner à maîtriser son éjaculation : grâce à des mouvements lents doux, ne provoquant qu'une excitation faible, il habituera son organisme aux sensations vaginales. Dans cette position où l'on peut prendre son temps pour jouer avec des nuances de sensations, l'apprentissage est possible, alors qu'il est difficile dans d'autres où l'excitation est plus vive.

Les femmes qui aiment cette position parlent de leur plaisir à se laisser faire, à sentir leur corps se détendre progressivement sous la main de l'autre : elles ont le temps de se vider de leurs soucis quotidiens, se trouvent plus libres de se concentrer sur leur excitation, et de sentir leur désir les envahir peu à peu.

Certaines, cependant, n'aiment pas tourner le dos à leur partenaire, ou, au bout d'un moment, ont envie de passer à l'action, de caresser et d'embrasser à leur tour, de se frotter contre le corps de l'homme. Cette position est donc en général une étape, au début du jeu amoureux. Elle peut être aussi amenée par l'obésité de l'un des deux ou la grossesse de la femme.

La force émotionnelle de cette position est bien réelle, ce que traduit à merveille Robert Merle dans son roman "Week-end à Zuydcoote" où un des personnages explique : "Je me rappelle de ces nuits que ça pleuvait et que ça ventait dehors à foutre la bicoque par terre, et moi et ma femme, tous les deux dans le plume, bien au chaud, avec une petite lampe à côté. C'est ça la vie, tiens… Et moi qui l'emboîtais par derrière, et lui caressais le ventre. Ah bon dieu ! C'est là que tu sens l'homme, dis donc, et ma femme, qui pipait pas mot… Il n'y avait plus que nous deux sur terre, ma femme et moi ! On était les rois ! C'est ça la vie, tiens, si tu me demandes".