"Le Kamasutra est la jouissance appropriée par les cinq sens, assistée de l'esprit uni à l'âme"

58. La belle endormie



Tandis que sa maîtresse s'éveille, c'est un bonheur pour l'amant de ressusciter son sexe au plaisir ! Pour celle qui s'éveille, quelle surprise délicieuse de se sentir désirée. Si la belle y consent, les jeux pourront devenir plus explicites.

Il faut avoir connu l'insomnie amoureuse, pour comprendre à quel point le corps de l'aimée endormie exalte le désir physique de celui qui l'observe. Alors que la femme s'est assoupie, épuisée de plaisir (ou simplement après une journée fatigante), l'homme, tenu éveillé par l'excitation sexuelle, éprouve l'envie de jouer avec le corps de sa maîtresse. A moins que la rejoignant tardivement au lit, il s'émerveille de son corps abandonné au sommeil. Pas de précipitation, surtout ! Même si son pénis dressé est prêt à la pénétrer, il se garde de brusquer sa partenaire ; retenant une jouissance hâtive, il savoure le spectacle de ce corps alangui.

Si la belle y consent, il pourra stimuler lentement le sexe féminin avec la bouche ou la main humide de salive ; il goûte chaque recoin intime de la femme : les petites lèvres, le clitoris qui gonfle sous ses caresses, la tendre peau périnéale. Il promène délicatement sa langue sur la vulve qui s'échauffe et rougit, la  glisse jusqu'à l'anus. Même si elle ne s'éveille pas encore, la femme s'ouvre déjà au plaisir.

Sur une belle alanguie, toutes les caresses sont bienvenues. Ses bouts de seins se tendent sous les baisers ; sa peau est plus veloutée ; ses traits de visage détendus ont oublié soucis et contrariétés ; ses cheveux s'éparpillent joliment sur l'oreiller ; ses muscles relâchés la disposent à la jouissance.

C'est le moment de pénétrer la belle. Quelle posture choisir ? L'homme s'adapte évidemment à sa position, selon qu'elle est sur le dos, sur le coté ou sur le ventre : dans cette dernière position, il soulèvera doucement ses fesses, afin de pouvoir glisser aisément son pénis dans le vagin. Peut-être dort-elle encore ? Ou plutôt, encore engourdie de sommeil, simule-t-elle l'endormissement afin de jouir davantage de la situation ? Dans ce cas, l'homme reste maître du rythme et du mouvement. S'il tangue lentement et prolonge le coït, il ressentira l'éjaculation comme un feu d'artifice de douceur ; la femme, au seuil de l'hypnose et entièrement vouée au plaisir du corps, lui dévoilera peut-être une sensualité encore inconnue : en elle se multiplient les zones érogènes. Les contacts peau à peau la font davantage vibrer ; ses mouvements, comme au ralenti, procurent à chacun un exceptionnel sentiment d'union ; chaque parcelle de son vagin réagit à la pénétration, rendant la fusion plus complète.

Mais peut-être que, sous l'effet des caresses, l'amante s'est tout-à-fait réveillée ? Son sommeil interrompu la prédispose à un plaisir plus violent. Le corps électrisé par les embrassades de son partenaire, elle accompagne passionnément les mouvements de va-et-vient. Elle accélère alors le rythme du coït, criant parfois sauvagement son désir de jouir : de quoi décupler celui de son partenaire, qui s'enorgueillira du spectacle de son orgasme.