"Le Kamasutra est la jouissance appropriée par les cinq sens, assistée de l'esprit uni à l'âme"

Sans sexe, le couple peut-il survivre ?



Ce n’est pas forcément une question d’âge. Ni de durée du couple. Il en faut peu au désir pour vaciller ou pour s’éteindre, quand bien même l’amour dure, à sa façon. Mais l’heure est au couple flamboyant, amoureux et sexué.

C'est alors les questions s’immiscent, troublant le duo : que sommes-nous devenus ? De vieux potes paisibles ? Un couple parental ? Comment ranimer l’étincelle ? Faut-il partir ? S’accrocher ? Et comment font les autres ? Pour certains, la mort du désir sonne le glas du couple. D’autres arrivent à faire avec, cahin-caha, certains même parviennent à trouver d’inavouables arrangements. Et puis il y a ceux qui attendent que le désir renaisse de ses cendres. Confessions de trois femmes qui, toutes, aiment l’amour mais n’ont pas vraiment la même conception du couple.

Le désir qui s'éteint, des sentiments qui restent

Tout d'abord, il y a Anne-Laure, 39 ans, en couple avec Paul depuis 22 ans. Ensemble, ils ont eu un enfant. Si au départ leur relation a commencé de manière plutôt brûlante et charnelle, cela fait trois ans qu'ils ne se touchent plus. "Ce n’est pas comme ça que j’envisageais le couple. C’est venu peu à peu, je ne saurais pas le dater", débute-t-elle.

Evidemment, la naissance de Laura, leur fille, après déjà dix ans de relation a fait bougé les lignes. "Disons qu’on s’est installé dans le rôle de papa et maman avec une facilité suspecte. Et qu’on n’en est plus sorti", raconte-t-elle, un peu blasée. Elle se souvient que l'événement qui l'a fait cogiter au départ, fut une liaison, totalement inattendue et hyper-intense. "Ça a rallumé en moi des choses endormies. Et m’a fait réaliser brutalement que je somnolais depuis des années", déplore-t-elle alors. Et si cette relation adultère s'est vite terminé, depuis l'insatisfaction ne la quitte plus. De son côté, son mari ne semble pas trop subir cette situation. "On faisait l'amour une fois par mois peut-être, sans grande extase ni communion et j’ai l’impression que ça lui suffisait", raconte-t-elle. Et finalement cette liaison les a encore plus éloignés l’un de l’autre. Jusqu’à ce qu'ils en arrive à ne plus se toucher ni avoir le moindre élan l’un vers l’autre.

"On n’a jamais mis de mots là-dessus, et je ne vois vraiment pas comment on pourrait revenir en arrière. Le pire, c’est qu’aujourd’hui on n’a même plus de petits gestes de tendresse, je trouve ça très dur. Mais, en même temps, Paul reste mon port d’attache. On ne se quitte pratiquement jamais, tout notre passé nous lie, nos deux familles, notre fille… Et il y a plein de choses sur lesquelles on fonctionne parfaitement ensemble, dans les habitudes, les rituels du quotidien. Plein de moments agréables. On est une entreprise qui tourne. Mais il n’y a rien de romantique là dedans, pas de surprise", poursuit ainsi Anne-Laure, qui tente régulièrement de se faire une raison. Mais la plupart du temps, elle en crève.

"Parfois, je me surprends à rêver qu’il arrive par-derrière et me fait un bisou dans le cou", glisse-t-elle, rêveuse. Avoir une sexualité chacun de leur côté sans pour autant se quitter ? Anne-Laure y a déjà pensé. Mais elle n'arrive pas à se résoudre à imaginer son mari dans les bras ou le lit d'une autre. Et finalement, lui non plus. De temps en temps, Anne-Laure se demande si elle aime encore Paul. Et si oui, comment ? Sont-ils encore un couple ? Toutes ces questions se bousculent sans qu'elle ne puisse y trouver de réponse. "Peut-être que lorsque Laura volera de ses propres ailes je verrai les choses autrement. Pour le moment, je n’ai pas la moindre idée de la suite", souffle-t-elle.

Des amants en option

Vient alors le tour de Nicole, 36 ans, en couple avec Peter depuis près de 16 ans. La trentenaire est absolument formelle sur le sujet : évidemment qu'un couple peut survivre sans sexe ! "Il m’a fallu des années pour l’accepter, mais je trouve ça même plutôt confortable aujourd’hui", débute-t-elle. Quand elle rencontre Peter, à 20 ans, elle se dit que ce n'est son aventure la plus torride, mais la première qui lui donne des envies d’avenir. Du coup, les étapes "classiques" se sont enchaînées très rapidement : emménagement, mariage, enfants.

Ces années-là étaient le firmament de leur couple, mais pas vraiment de leur vie sexuelle. "Nous avions de plus en plus de choses et de centres d’intérêt en commun. Et de moins en moins d’urgence à faire l’amour. C’est surtout lui, en fait, qui est devenu moins ardent, après ma première grossesse, deux ans plus tard", raconte la trentenaire. "Je n’avais pas vraiment le temps de me poser des questions  : on a trouvé un autre rythme, d’autres habitudes, confortables, et rien n’est jamais redevenu comme avant. L’arrivée du second enfant n’a rien arrangé, ni le fait que Peter travaille de plus en plus, arrive parfois à la maison alors que j’étais déjà couchée…", poursuit-elle.

Au début, Nicole a assez mal vécu que son partenaire la désire moins. "J’ai même pensé qu’il avait quelqu’un d’autre dans sa vie. Mais, pour être honnête, moi aussi j’avais moins d’envies. J’adorais le voir devenir un homme important dans son boulot, un père qui fait la grosse voix ", décrit-elle. Sauf qu'elle le considérait de moins en moins en tant qu'amant. A côté de ça, elle avait besoin de son désir et l'inaction de Peter créait parfois des tensions. "Jusqu’à ma première liaison : avec un homme dans la même situation que moi, qui n’avait plus beaucoup de relations avec sa femme, même s’il l’aimait encore, et me faisait comprendre, à sa façon, ce que pouvait ressentir Peter. J’ai mis le holà avant de tomber amoureuse, mais une porte s’était ouverte", poursuit alors la jeune femme.

Depuis cette expérience, Nicole avoue avoir régulièrement des amants. Souvent mariés eux-aussi et pères de famille. "On a les mêmes manques à combler, et les mêmes bonnes raisons de ne pas succomber. Avec eux je me sens belle, désirable, femme. Et avec ma petite famille je suis moins hargneuse, moins en demande, je me sens à ma place, en sécurité, bien", confie-t-elle. Avec son mari, ils ont toujours des gestes tendres l'un envers l'autre, et tous les soirs ils s'endorment en cuillères, l'un contre l'autre. "Il m’est arrivé de me forcer un peu quand lui était en demande, parce que ça me semblait anormal de ne plus faire l’amour. Puis ça s’est espacé, et j’ai arrêté de me demander si c’était normal ou pas…", continue Nicole.

Cela fait plus de deux ans que Nicole et Peter n'ont plus fait l'amour. Et finalement, leur lien n'est pas là. Est-ce que Peter a des liaisons ? Nicole n'en a aucune idée. Et de toute façon, elle ne veut pas savoir. Quant à elle, elle sait au fond que sa double vie choque. Mais c'est ainsi qu'elle a trouvé son équilibre, en se coupant en deux. "Je ne sais pas combien de temps tout ça peut durer : le plus longtemps possible, j’espère. Car je suis convaincue que si je tombe amoureuse demain et que je recommence une histoire, au bout de quelque temps ce sera la même impasse. Désirer la même personne pendant vingt ans, c’est juste contre nature… Avec Peter j’ai construit un édifice auquel je tiens, beaucoup plus résistant que la libido. Et plus rassurant", conclut-elle.

Une relation amoureuse, indissociable de la relation sexuelle 

Enfin, voici Anna, 42 ans, séparée après quatorze ans de vie de couple, mère de deux enfants. Pour elle, c'est catégorique : un couple ne peut pas survivre sans sexe. Et personne ne pourra la faire changer d'avis. D'abord parce qu'elle a payé cher ce crédo. Ensuite, parce qu'en réalité pour elle, c'est la notion de couple qui est foireuse. "Le couple c’est une construction sociale. Certes, on peut très bien être en couple et ne pas ou plus s’aimer, être en couple et ne plus faire l’amour. Je connais beaucoup de cas de ce genre autour de moi. Mais ce lien-là, moi je n’en veux pas. Je n’ai pas besoin de béquille", lâche-t-elle, un peu irritée. Ce dont Anna a besoin, par dessus tout : c’est aimer et être aimée. Une relation amoureuse, indissociable de la relation sexuelle.

L'amour sans sexe, Anna y a renoncé depuis longtemps : il y a sept ans, elle se sépare du père de ses enfants, avec qui elle vit pourtant "une histoire formidable" car elle considère qu'ils sont devenus frère et soeur. "Pourtant cet homme m’aimait vraiment, et moi aussi. On menait une vie agréable ensemble. Mais je ne voulais plus de cette vie. Lorsqu’il a compris que j’étais en train de partir, il était prêt à tout : à ce que j’aie ma chambre à part, mes aventures…", se souvient-elle. Avant de poursuivre, "peut-être que si j’avais été vieille et rangée du sexe, ça aurait pu me convenir. C’était beaucoup trop tôt, j’ai pris mes jambes à mon cou. Quand j’y repense aujourd’hui, c’était comme une nouvelle naissance, mon passage à l’âge adulte."

A ses yeux, ces histoires d’amour sans émoi reposent quelque chose de peut-être plus fondamental encore que le sexe. C’est pour ça qu’elles sont si douloureuses à couper. "Moi, quand je suis partie j’ai eu l’impression de perdre d’un coup mon père, ma mère, mon frère, ma sœur… Je suis partie pour m’affranchir. Sans enjeu. J’ai refusé, et je refuse encore", martèle-t-elle.

Aujourd'hui, Anna est amoureuse. Et terrifiée par cette menace qui pèse sur son couple. "On s’aime et on se désire depuis trois ans. Lui voudrait bien qu’on vive ensemble. Moi pas. En fait, ça flingue le sexe, la vie de couple. Ça mélange tout. Pour le moment je résiste, et ça se passe très bien comme ça. Si le désir venait à s’éteindre ce serait clairement la fin. Une relation douce, harmonieuse… et asexuée ? On a des amis pour ça", conclut-elle.

Vivre sans sexe : une problématique de vieux couple

Survivre sans sexe, cette problématique ne concerne-t-elle que les vieux couples  ?

Sophie Cadalen : Pas du tout. Car tout se joue très tôt dans un couple, selon la façon dont il s’organise, et ce n’est pas toujours autour de la question sexuelle. J’entends beaucoup de jeunes gens pour qui l’engagement se décide alors que, dès le départ, le sexe n’est pas très important entre eux. Et ça ne veut pas dire, dans tous les cas, que ça ne va pas durer longtemps. Ils espèrent que ça va se décoincer un jour. Quelque chose manque à l’appel, mais "ce n’est pas si grave", il y a " tellement d’autres choses qui vont si bien "… Et, à quelques décennies de nous, effectivement, la question ne se serait même pas posée. Sauf qu’aujourd’hui plane sur le couple la norme du sexe régulier, épanoui. Et certains se questionnent alors que jamais, en fait, le sexe n’a été entre eux le cœur du sujet.

A quelle condition un couple peut-il durer sans ça ?

Sophie Cadalen : Il y a donc d’abord ces couples pour qui cet aspect-là de la relation n’a jamais été important. Les deux peuvent dire : " Le sexe, non, c’est pas mon truc. " Ça reste plus difficile à assumer pour les hommes, mais c’est un aveu qui se fait sur le divan. Un petit "coup" de temps en temps leur suffit. Et s’ils ne sont plus sollicités, ils s’en passent. C’est plus fréquent qu’on l’imagine… L’autre grand cas de figure, c’est le duo « dominant-dominé » : l’un est en position de demande, l’autre se fait attendre, coupable de faire souffrir le premier. Cela fonctionne très bien sur un mode névrotique, et ça peut durer toute une vie.

Mais si l’absence de sexe devient vraiment une souffrance ?

Sophie Cadalen : Il faut s’interroger sur cette souffrance, de soi à soi. Qu’est-ce qui me fait souffrir ? Parfois c’est juste la question de la norme. J’entends souvent, dans mon cabinet : " Mais le sexe, c’est quand même le ciment du couple !" Ou : "Est-ce bien normal ? Est-ce logique que ça puisse tenir sans ça ? " Or, s’il y a bien un domaine où il n’y a rien de normal ni d’obligé, c’est celui du sexe et de l’amour. S’agit-il d’une souffrance narcissique : "Tu ne me désires pas ? Tu ne me trouves pas belle ?" Or la vraie question c’est : " Est-ce que moi je te désire ? Suis-je vraiment en manque de sexe ? Ou en manque de confiance en moi…"

Parfois, toute cette souffrance peut pousser le couple à se construire autrement. Aller vers l’ailleurs. L’un s’éloigne, et ça réveille l’autre. Ou les deux ont des vies parallèles. Mais c’est rare : un couple peut s’organiser de cette manière si, déjà, c’était comme ça au départ, même à son insu. Il y a aussi la solution du clivage. C’est très compliqué de gérer le sexe et l’amour, cela ne ’organise pas du tout de la même manière. Certaines choisissent, pour tous les jours, un pépère " nounours", alors qu’elles rêvent de vie échevelée et de tornades sexuelles… qu’elles peuvent finir par s’offrir dans une vie parallèle. Une façon de ranger les choses à des endroits différents.

Dans quels cas l’absence de sexe peut-elle faire exploser le couple ?

Sophie Cadalen : Si on est vraiment dans une pulsion sexuelle. Pour les couples qui se sont trouvés sur ce terrain-là, la disparition du sexe peut faire apparaître des dysfonctionnements que la réconciliation sur l’oreiller occultait. Le sexe, c’est souvent le concentré, le révélateur e beaucoup d’autres choses. C’est d’inconscient qu’il s’agit, pas de gymnastique ! Même pour les couples chez lesquels il n’y a " que ça " qui va, c’est loin d’être anodin. Cet attachement-là est extrêmement puissant.

Mais quand le couple survit, n’est-ce pas devenu une histoire de frère et sœur ?

Sophie Cadalen : Vous en connaissez beaucoup, des frère et sœur capables de vivre ensemble ? Non, il ne s’agit ni de frère et sœur, ni de colocataires qui ne partagent rien d’autre que le loyer. Ces couples, au contraire, ont en général beaucoup de choses en commun. Une connivence, de la tendresse, des intérêts intellectuels, des militantismes (quelque chose de très libidinal se joue là, quelque chose de passionné, passionnant, fiévreux)… Tout le problème c’est ce qu’on attend a priori du couple. En fait, aucune définition n’est universelle. Un couple c’est une création, ça se compte par trois : l’un, l’autre et cet autre état, cette sphère qu’on invente ensemble et qui n’appartient qu’à nous. Il faut lire le livre du philosophe Alain Badiou2 sur ce sujet… Il n’y a rien d’installé, de rigidifié dans le couple. Tout repose sur un équilibre entre une myriade d’éléments. La sexualité n’en est qu’un parmi d’autres.

Faut-il planifier ses relations sexuelles pour garder la flamme ?

Dans un monde où nous sommes sans cesse en action, le temps accordé au couple se réduit drastiquement, notamment concernant les relations sexuelles. Travail, sorties, ménage, enfants, ordinateur, télévision et téléphone... Tout cela nous occupe du matin au soir, bien souvent au détriment de notre vie intime. Programmer ses ébats serait-il une solution pour rétablir le contact charnel ?

Programmer quelques heures avant

Lorsque l'on pense planification des rapports, on imagine un rendez-vous pris deux semaines à l'avance. En réalité, il peut se prévoir seulement quelques heures avant, en mettant des mots sur ses envies. Valentine, 32 ans, n'est pas une planificatrice avertie, mais anticiper l'amour a été pour elle une belle manière de retrouver l'intimité parfois perdue entre elle et son conjoint.

"Lors de mon dernier rendez-vous chez la gynécologue, j’avais l’impression que ma libido était aux abonnés absents : pilule ? fatigue ? stress au boulot ? Tant de pistes possibles et si peu de réponses... Notre train-train quotidien rendait nos retrouvailles amoureuses bien incertaines, et, il faut dire que cela nous attristait. Après 12 ans de vie commune, un enfant et des hauts et des bas, faire l’amour (ou pas) reste pour nous un bon indicateur de la santé de notre relation. Miser sur la spontanéité du moment, comme à nos débuts, n'est plus une méthode très concluante tant notre mode de vie a changé. Aujourd'hui, pour prendre le temps - et être sûrs - de préserver notre intimité, mon conjoint et moi n'hésitons pas à verbaliser nos envies, même en pleine journée. Partager nos désirs nous permet de 'programmer' nos ébats du soir. C'est une bonne technique pour nous, même si parfois notre rendez-vous est remis à plus tard à cause des aléas du quotidien pouvant (toujours) reprendre le dessus !"

Pourquoi planifier ses relations sexuelles ?

"On est tout le temps sollicité : quand on a fini le travail, on est toujours un peu au travail, quand on sort d'un moment entre amis on est toujours un peu avec eux. Aujourd'hui, c'est le couple qui est le moins sollicité. On a tendance à le placer en dernier", explique la psychologue Camille Rochet*, spécialiste du couple et de la famille. "Dans ma journée je fais d'abord passer mes obligations professionnelles, familiales, organisationnelles, et c'est simplement quand j'ai fini tout ça, à 23 heures, que j'ai un moment avec mon conjoint", ajoute-t-elle. Avant de se coucher, c'est aussi à ce moment là que les relations sexuelles interviennent. Mais après une journée harassante, la fatigue se fait sentir - sans compter que le réveil sonnera à l'aube le lendemain -. On procrastine alors sur sa sexualité, on la remet à plus tard, car finalement, ce n'est jamais vraiment le moment.

En bon dernier de la liste des priorités, le couple en pâtit des semaines chargées. Planifier ses relations sexuelles sonne alors comme une solution pour trouver du temps tout en étant dans de bonnes dispositions pour s'adonner à sa vie intime. Après tout, pourquoi passer son temps à programmer un tas d'activités sans oser en faire de même pour les besoins de son couple ?

Absence de spontanéité : un mauvais signe pour le couple ?

La synchronisation des montres en matière de sexualité peut effrayer : n'est-il pas étrange d'anticiper un coït, cet acte si fougueux et si spontané ? En réalité, l'amour et la spontanéité ne se côtoient que très rarement. "Programmer ses relations sexuelles peut être une bonne chose même si nous perdons la spontanéité", affirme la psychologue. Cette spontanéité (plus rêvée que réelle) n'a rien de systématique dans le couple, car nous sommes deux à décider qu'un ébat aura lieu. Pas facile d'être sur la même longueur d'onde et sur la même impulsivité en même temps, donc.

"Les couples qui acceptent de programmer leur activité sexuelle remettent leur relation au centre de leurs agendas. Cela peut être un moment attendu, désiré, où l'on se prépare. On sait que l'autre nous attend (...) Le fait de planifier permet de ne rien prévoir d'autre à ce moment là", indique Camille Rochet. Programmer ne signifie alors absolument pas que notre couple touche le fond, bien au contraire : il s'agit de s'assurer que l'on va prendre du temps pour sa vie amoureuse, car celle-ci nous importe.

Anticiper sa vie sexuelle comporte tout de même un risque, celui de confondre rituel et routine. Selon la spécialiste du couple "le rituel doit être exceptionnel, il doit rester un moment de fête et de joie". En instaurant une planification très carrée, avec un jour fixe (voire même une heure fixe), le rendez-vous amoureux risque de se muer en une obligation, ou pire, une corvée.

La psychologue explique qu'il est important de ne pas avoir un jour déterminé, qui ne change pas : tous les jeudis par exemple. "On évolue, psychologiquement et physiologiquement", indique-t-elle. Période menstruelle, mauvaise disposition mentale, grosse fatigue... L'état des deux membres du couple est à prendre en compte pour que le rendez-vous amoureux reste un moment de bonheur. "C'est important de bien en parler avec son conjoint. Ça ne doit pas être le rendez-vous qui vous embête, il faut vraiment que ce soit désiré", insiste Camille Rochet. Et pour que l'étreinte soit attendue avec émotion et envie, quoi de mieux que d'écouter son rythme et de repenser sa sexualité ?

Chacun sa route, chacun son chemin

S'accorder des retrouvailles coquines, c'est aussi des caresses, un baiser, des mots doux... La sexualité ne réside pas exclusivement dans l'orgasme. Loin de là. "Elle est dans le regard, dans le geste, et on va de plus en plus loin. Une intimité sexuelle peut être réussie quand on se sent vraiment aimé, sans aller forcement jusqu'à l'orgasme", rappelle Camille Rochet. "La sexualité va au-delà de la régularité. Si c'est un moment où a beaucoup de soucis, on va moins avoir de relations. Il y a une influence de tout l'environnement. Chaque couple à son propre rythme", ajoute la spécialiste. Déterminer la fréquence qui nous convient ne se fera pas sans un minimum de communication avec son partenaire.

Quelle que soit la teneur de notre vie sexuelle, le dialogue reste la clef de voûte d'un couple épanoui.

Érotisme : réveillez votre désir

Si le terme d’érotisme parle à tout le monde, peu de personnes sont véritablement capables de le définir. Point de convergence entre la séduction et l’acte sexuel, l’érotisme n’est pas à confondre avec la pornographie. Car si la pornographie montre tout, l’érotisme, lui, suggère. Il suggère tout ce qui atrait à l’acte sensuel, à l’amour physique et à la relation sexuelle de manière glamour et pleine de charme. Le terme « érotisme » est d’ailleurs issu du grec « Eros », Dieu de l’amour. 

Du livre érotique aux films érotiques 

L’érotisme est une source d’inspiration inépuisable pour la peinture, la photographie, la littérature ou bien le cinéma… Art, culture et érotisme font d’ailleurs souvent bon ménage, comme peut en témoigner le succès du livre érotique Fifty shades of grey, véritable best-seller littéraire de ces derniers mois.

Le cinéma trouve lui aussi son inspiration dans l’érotisme. On peut citer le célèbre long-métrage Emmanuelle, film érotique français réalisé par Just Jaeckin en 1974 et adapté du roman éponyme d'Emmanuelle Arsan qui reste aujourd’hui l’œuvre de référence en matière de films érotiques. 

Rêve érotique, fantasme érotique et jeu en couple 

Rien de mieux que l’érotisme pour pimenter sa vie de couple… Grâce à un geste, un mot, une intonation de voix, une bretelle de soutien-gorge qui tombe ou bien la lisière d’un bas légèrement visible, l’érotisme naît, suggère l’acte sexuel et peut provoquer le désir chez le partenaire. L’érotisme est d’ailleurs la base de tous les jeux de couple, du simple "dés coquin" aux huiles de massages parfumées ou à la peinture comestible pour le corps…

L’érotisme a également une place importante dans le domaine du rêve, parfois seul endroit où nos fantasmes érotiques les plus fous peuvent se réaliser. Mais il arrive aussi que l’on fasse des rêves érotiques qui au premier abord ne semblent pas représenter l’un de nos fantasmes et dont le sens nous échappe complètement ! Bien sûr, le rêve n’est pas à prendre au premier degré…

Pratiques sexuelles, lingerie sexy, préliminaires, rêves, fantasmes… L’érotisme possède de multiples facettes et peut s’exprimer de nombreuses manières.

L'érotisme, ingrédient essentiel pour renforcer la complicité d'un couple

La loi universelle veut que plus l’on désire une chose, plus elle ait de valeur à nos yeux. S’adonner aux joies de l’érotisme, c’est réveiller le désir sexuel chez son ou sa partenaire, souvent altéré par la routine.

L’art de l’érotisme combinant imagination et suggestion implicite, votre quotient érotique vous vaudra le plaisir de vous sentir désirée, engendrant un impact positif sur votre estime et votre propre désir. 

Le visuel et la psychologie

L’érotisme ne nécessite pas toujours de recourir à un contact physique. Raviver son sex-appeal est le b.a.-ba de l’érotisme efficace pour attiser le désir sexuel. Vos sorties en solo affûteront sa jalousie, tandis qu’une belle garde-robe et de la lingerie sexy feront l’objet d’un délice visuel qui ne manquera pas de l’attirer.

Aussi, évitez de vous déshabiller systématiquement devant lui, votre nudité trop habituelle cause un frein au désir. Donnez-lui l’envie de le faire, en vous habillant sexy même à la maison.

L'importance du contact physique

Comme les femmes, les hommes sont dotés de plusieurs zones érogènes propices à de délicieux préliminaires. Le contact habile de vos mains parcourant son corps lui donnera l’envie de prolonger cette phase de caresses, et de repousser l’acte sexuel au maximum, afin de laisser au désir le soin de s’accumuler jusqu’à être explosif et incontrôlable.

La meilleure approche alliant bien-être et contact physique reste le massage érotique, classique mais efficace. Détendu et apaisé, il sera plus propice à vous donner du plaisir. 

Les jeux érotiques

Pimenter la vie sexuelle est le b.a.-ba de l’érotisme pour entretenir le désir dans un couple. Quand on sait que la vue des scènes érotiques au cinéma suscite une montée de désir, les jeux de rôles se placent en pole position pour se mettre en scène dans des scénarios coquins, avec permission de tenter les combinaisons les plus improbables. Osez réaliser ses fantasmes, qu’il s’agisse de vous déguiser en infirmière ou en femme fatale, et jouez votre personnage à fond.

L'objectif des jeux érotiques est d’expérimenter de nouvelles sensations ensemble, en faisant éventuellement appel à des éléments inhabituels, sextoy ou jeu érotique préalablement acheté pour l’occasion.

Éveiller les sens

L’éveil des sens est la clé du désir. Le fondement de l’érotisme, en complément du toucher et de la vue, l’exploration des autres sens se révèle être un très bon catalyseur de désir : un parfum aphrodisiaque, une voix sensuelle, une musique d’ambiance, ou quelques douceurs à déguster.