"Le Kamasutra est la jouissance appropriée par les cinq sens, assistée de l'esprit uni à l'âme"

Le Slow sex, ralentir pour atteindre l'extase




“Pour le plaisir, prendre le temps, de temps en temps”, chantait déjà Herbert Leonard en 1981. Précurseur. Depuis les années 80, la tendance “slow” a pris de l’ampleur, et ce dans tous les domaines : slow fashion, slow design, slow life... et slow sex.

Le concept du slow sex, c’est de ralentir la sexualité. Selon la sexothérapeute américaine Diana Richardson, auteure du livre “Slow sex, faire l’amour en conscience”, il s’agit de “ralentir et être pleinement présent à chaque instant de la relation sexuelle au lieu de faire l’amour d’une façon si intensément tournée vers l’orgasme que nous passons à côté de la possibilité de ressentir de subtiles nuances tout au long de l’union sexuelle”. Certes, mais ce n’est pas qu’une question de vitesse ou de ralentissement.

Pour Alain Héril, psychanalyste et sexothérapeute, cette approche offre aux couples la possibilité d’être dans une plus grande conscience de ce qui les traverse lors d’une relation sexuelle. On privilégie le massage, les préliminaires ou les caresses alors que la pénétration et la précipitation sont mises de côté. Avant tout, on cherche à mettre le désir au centre de la sexualité et non plus la seule pulsion sexuelle.

Slow sex : comment s’y mettre ?

Avant de se lancer corps et âme - surtout corps - Alain Héril conseille de s’interroger soi-même. “Il faut déjà le vouloir et sentir que cette approche de la sexualité correspond parfaitement à ses besoins du moment”, explique-t-il, avant de tempérer “ce n’est pas la panacée universelle ni la seule manière de faire l’amour. C’est juste une proposition différente et décalée, qui peut aider les couples en panne de désir ou pimenter la vie sexuelle d’autres en quête de nouvelles expériences”. L’expert insiste sur le fait qu’il ne faut pas réduire les possibilités sexuelles à cette manière de faire - lentement - l’amour. “C’est un plus, non une réduction de la sexualité”, explique Alain Héril. Nous avons, en tant qu’être humain, plusieurs sexualités : “c’est du vécu de toutes nos formes de sexualité que naît ce que l’on pourrait appeler une sexualité épanouie”.

Autre plus de cette sexualité ralentie ? La confiance en soi qui augmente. “Le slow sex, en mettant plus de conscience, voire de méditation dans l’acte sexuel, donne la possibilité d’être plus en tranquillité”, décrypte l’expert en insistant sur la synchronisation du corps et de l’esprit dans cette sexualité en pleine conscience. On ne recherche plus la performance, il n’y a plus d’enjeux dans la relation intime. On s’inscrit, avec le slow sex, du côté d’une sexualité qualitative et non quantitative.

Pas d’injonction ni de consignes précises pour se mettre au slow sex, l’idée est simplement de laisser le temps au temps. Toutefois, il existe des exercices qui peuvent aider à se mettre sur la voie (du plaisir). Dans un ouvrage récent “50 exercices de Slow Love et de Sex Meditation” (Eyrolles)*, Emmanuelle Duchesne propose ainsi une série d’exercices sensuels pour éveiller l’orgasmie en soi, booster l’estime de soi, prendre toujours plus de plaisir en passant par la gestion des émotions et le consentement pour mettre en adéquation son corps et son esprit.

Voici trois exercices d’introduction au slow sex

Les pieds sur terre et le cerf-volant

Le nom un peu fantasque de cet exercice cache en réalité l’idée d’une connexion entre le corps et la terre. Le principe est donc de se connecter au sol avant d’entrer d’amener son attention dans ses pieds, ses jambes, son périnée et jusqu’au bas de son ventre. Pour s’aider, on peut s’aider de l’image d’un arbre enraciné dans le sol ou d’un menhir planté dans la terre, sans pour autant laisser vagabonder ses pensées.

Une fois connecté à soi, il faut toucher son partenaire en commençant par ses pieds, ses genoux, puis son bassin et ses épaules. “Faites des pressions sur le corps de votre partenaire, dans l’idée de rassembler son corps comme si vous pressiez de la pâte à modeler”, écrit Emmanuelle Duchesne dans son ouvrage. Vous pouvez aussi faire un massage lent et ferme, pour aider votre partenaire à entrer à son tour en pleine conscience.

Cycle magique pour aller vers l’autre

C’est un exercice se faisant par étapes que propose ici Emmanuelle Duchesne dans son ouvrage. Des étapes s’étalant sur quatre semaines, afin de se connecter l’un à l’autre et de faire monter le désir au fur et à mesure. Première étape (et première semaine donc) : l’observation. Il faut prendre le temps de regarder l’autre, longtemps et de noter les sensations que cela vous procure. Deuxième étape, se regarder et verbaliser à haute voix ce que l’on ressent. Plus intime, et plus profond aussi car il faut que l’autre accepte vos ressentis. Troisième étape : exprimez l’un(e) et l’autre vos désirs, sans pour autant que cela soit des demandes. Certains d’entre eux doivent rester à l’état de fantasmes. Quatrième et dernière étape : faites-vous des propositions. “Puis-je vous embrassez ?”.

La sex meditation : 15 minutes matin et soir

Pas de boogie woogie avant de faire votre prière du soir ? Selon Emmanuelle Duchesne, il existe une prière particulière appelée le Tibetan Pulsing à faire deux fois par jour pour profiter au maximum de sa sexualité. Le principe ? S’allonger habillé(e)s ou nu(e)s, sexe contre sexe, avec ou sans contact, pendant 15 minutes. Pendant ce quart d’heure, détendez-vous, observez vos sensations mutuelles et internes, puis à la fin partagez l’une d’elles afin de renforcer le lien qui vous unit.